Une collection n’est pas nécessairement composée d’objets rares et coûteux. Pas plus que but du collectionneur soit dans l’accumulation de richesses, du moins pas toujours…

Sa motivation est ailleurs. Dans le plaisir de trouver une nouvelle pièce à ajouter, quelle que soit sa valeur marchande, la joie de regarder ses objets qui vont si bien ensemble, le bonheur de réaliser un arrangement pour les présenter.

Bien souvent collectionner a quelque chose à voir avec la nostalgie. Les objets de la série sont les vestiges du passé que l’on a gardé ou que l’on a retrouvé.

Présenter une collection revient à exprimer quelque chose. Collectionner ne revient pas simplement à poser des choses ayant un point commun, dans une vitrine ou sur une étagère. Cela s’apparente plus à un geste artistique. Un acte créatif, voir un acte de création.

L’objectif du collectionneur n’est pas seulement de trouver la perle rare, son but est déjà dans la recherche. Le but de la quête est la quête elle-même.

Je suis né dans une ferme agricole isolée en pleine campagne. Sur la photo ci-contre, on peut voir la cruche jaune qu’on utilisait quotidiennement à chaque repas pour mettre l’eau sur la table. Sa couleur est bien plus que du jaune, c’est la couleur des matins d’été ensoleillés, quand je me levais et que j’entrais dans la cuisine pleine de l’odeur du café. La couleur de tous ces gens familiers qui prenaient un pastis à midi. Les amis de mon père, le marchand de grains, ceux qui venaient nous aider pour la fenaison ou la moisson, le laitier, les livreurs de fuel ou d’aliments… Beaucoup sont aujourd’hui disparus. Dans les odeurs de gauloises, de gitanes maïs et les conversations aux voix fortes, je revois l’apéritif devenir blanc comme par enchantement lorsqu’on y versait l’eau.

J’ai un jour eu l’idée de collectionner les pichets jaunes et les mettre à côté de la fameuse cruche sur l’étagère de la cuisine de notre ferme. Attention, pas question pour moi de mettre plus de 2 ou 3 euros dans l’achat de ces babioles. Mais pour rien au monde, je ne voudrais par maladresse casser ma cruche. Toute sa valeur est dans la charge affective des souvenirs qui sont placés en elle.

Tous ces objets ne sont pas morts pour autant dans mon musée personnel. Il est très important qu’ils servent. On ne boit hélas plus l’eau de la source, polluée par des décennies d’agriculture intensive. Mais rien de mieux pour faire un vase où déposer le lilas ou les fleurs des champs fraîchement cueillies. Une collection n’est jamais finie. C’est un échantillon de l’infini ! Ce n’est pas une simple somme de choses, car collectionner contribue à prouver qu’un tout est supérieur à la somme des ses parties.